Aix-Marseille métropole French Tech : « Yes we are ! »

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Écrit par Kunckler Florian

« Aix-Marseille : French Tech ? Yes we are ». A l’instar de 8 autres territoires en France, Aix-Marseille a donc officiellement reçu, pour un an au moins, le label French Tech ce mardi 12 novembre par la voix d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique. De la représentation politique, aux partenaires accélérateurs jusqu’aux fleurons de l’innovation numérique, les réactions ne se sont pas faites attendre. Fédérés vers des objectifs communs mais présentant chacun leur vision d’Aix-Marseille, métropole French Tech.

15 candidatures, 9 lauréats. Voilà le bilan de cette première phase de l’initiative French Tech qui est venu ponctuée un audit poussé des territoires candidats. Résultat, en plus de French Tech Aix-Marseille et de Paris (labellisé d’office), BordeauxMétropole numérique, Digital Grenoble, Lille is French Tech, Lyon French Tech, Nantes Tech, Montpellier Métropole numérique, La French Tech Rennes et French Tech Toulouse ont reçu ce 12 novembre le précieux coup de tampon.

9 métropoles French Tech, 9 territoires de l’innovation numérique

« Ce n’est pas un concours de beauté. C’est un véritable travail de co-construction. Nous avons accompagné des projets afin qu’ils débouchent sur la création d’un écosystème favorable aux start-up. Or celui-ci émerge grâce à l’implication des entrepreneurs locaux et c’est ce que nous avons voulu mettre en valeur », déclarait la ministre sur le Monde.fr.

Ainsi le processus de sélection aura privilégié le dynamisme et l’implication des acteurs locaux. Et a permis de faire émerger « des territoires pas particulièrement connus sur le scène numérique tels que Nantes, Bordeaux ou Montpellier », analyse la journaliste Sarah Belouezanne pour Le Monde.fr. Et de prendre l’exemple de la capitale du Languedoc-Roussilon, pas particulièrement réputée pour son écosystème numérique : « Montpellier abrite, par exemple, quatre start-up qui ont réussi des levées de fonds supérieurs à 10 millions d’euros ces dernières années. » Voilà ce qui a fait la différence.

C’était donc ça la recette du succès : une base de « qualités naturelles » – un territoire attractif, des infrastructures existantes, quelques success story du numérique : un écosystème déjà doté de quelques atouts en somme – mais surtout le dynamisme d’acteurs locaux fédérés par des projets communs.

« Lancé par l’Etat pour placer la France parmi les principales nations numériques, le label « French Tech » a aussi pour objectif de fédérer toutes celles et ceux qui créent une dynamique digitale pour la France. L’initiative « French Tech » s’adresse aux métropoles dotées d’un écosystème riche et créatif ainsi que d’entrepreneurs prêts à s’investir localement et à former une « équipe de France » des porteurs du plus fort potentiel de croissance et d’attractivité international », présentait de son côté la mairie de Marseille.

Une candidature, un territoire et 4 collectivités

« Le vrai point fort d’Aix-Marseille ? Un écosystème soudé qui a su porter la candidature de notre région pour qu’elle soit reconnue comme un territoire numérique », glissait discrètement Marie-Christine Bouillet, rencontrée à l’occasion de l’événement de célébration de la labellisation ce 24 novembre à Aix.

Car si la responsable du développement de la Stratégie Numérique au Pays d’Aix, qui a participé activement à la coordination de la candidature d’Aix-Marseille French Tech, ne souhaite pas s’accaparer tous les honneurs, c’est qu’elle est bien consciente que la réussite ne tient pas à l’action de quelques personnes. « On a pu s’appuyer sur une très grand nombre d’acteurs du numérique », assure-t-elle.

Car Aix-Marseille French Tech, c’est d’abord 4 collectivités qui ont adhéré au projet. « Elles ont porté la candidature et n’en retirent pourtant aucune subvention. Mais elles se sont positionnées car elles souhaitent aider l’écosystème à rester implanté sur le territoire, à s’y développer et à rayonner à l’international », met en avant Marie-Christine Bouillet. Sans oublier bien sûr d’autres institutions comme la CCI, Provence Promotion ou Pays d’Aix Développement qui ont aussi apporté leur pierre à l’édifice.

« Les collectivités ont été particulièrement dynamiques », affirme de son côté Bertrand Bigay fondateur de l’accélérateur de start-up privé P.Factory, « il faut que ça continue ».

Les défis d’une candidature réussie

Autre acteur, autre rôle dans la grande mécanique de l’innovation numérique : les accélérateurs publics et privés. Ils étaient un atout primordial pour Aix-Marseille, mis au centre du dispositif French Tech par le gouvernement. « Ils nous ont particulièrement soutenu dans la candidature. Les incubateurs, les pépinières, les accélérateurs en tous genres ont fait connaître la French Tech. »

Marie-Christine Bouillet poursuit : « Nous avons aussi pu compter sur nos « tech champions » (comprendre les leaders locaux dans l’industrie du numérique, ndlr), qui nous ont permis de dégager des thématiques fortes que nous avons pu mettre en avant. »

Les domaines d’excellence d’Aix-Marseille ? L’e-tourisme, le e-commerce, le transmédia, l’hébergement de données et les réseaux, le NFC et la RFID. La liste est longue des domaines de ces entreprises qui rayonnent bien au delà des limites du territoire. Elles ont assurément donné de la légitimité au dossier bucco-rhodanien.

« Le privé a apporté sa vision de ce quoi doit être Aix Marseille French Tech. » Kevin Polizzi est le fondateur de Jaguar Network, un des leaders européens dans l’hébergement de données. Il a été très impliqué dans la campagne pour la labellisation. « Nous avons été écoutés. Selon moi, Aix-Marseille French Tech a déjà relevé son plus grand défi : fédérer le public et le privé vers des objectifs communs. »

Marie-Christine Bouillet le reconnaît, il a fallu s’harmoniser entre entreprises et collectivités, « il y a des rythmes différents entre le public et le privé et chacun a su faire un pas vers l’autre. » C’était la condition sine qua non à la réussite.

Un écosystème mais différentes visions d’Aix-Marseille métropole French Tech

Différents acteurs ont donc partagé une même victoire ce 12 novembre. Les réactions ont été multiples et ont permis de confronter les différentes visions de ce que sera Aix-Marseille métropole French Tech.

Les édiles, représentant les collectivités publiques, ont réagi avec beaucoup d’enthousiasme. Si Jean-Claude Gaudin pour la mairie de Marseille se réjouissait « de cette labellisation, fruit d’un important effort collectif des collectivités locales et des professionnels du numérique », à Aix, Maryse Joissains-Masini, maire de la ville et Présidente de la communauté du Pays d’Aix, évoquait déjà les perspectives : « ce label est une promesse de développement pour nos entrepreneurs, pionniers du numérique et pour les populations dont la vie, grâce à eux, va changer. »

Quant à Guy Tessier, Président de Marseille Provence Métropole, il mettait lui aussi en avant les retombées potentielles pour le territoire : « Je m’en réjouis surtout car des milliers d’emplois sont en jeu. Ce label va contribuer à renforcer notre rayonnement international et l’attractivité de notre territoire. Investisseurs et entrepreneurs, séduits par notre dynamisme et notre capacité d’innovation, viendront s’installer chez nous et créeront de la richesse et des emplois… »

L’enthousiasme n’est pas seulement l’apanage du politique. Ainsi Kevin Polizzi se veut également très optimiste : « ce n’est pas seulement une très bonne nouvelle dans la symbolique, ce n’est pas une distinction futile : cela a déjà et continue d’avoir de vraies répercussions dans la vie du territoire. »

L’entrepreneur de poursuivre : « l’engouement suscité par la labellisation a ses effets vertueux : en tant qu’acteurs d’un même secteur nous nous rencontrons. Et pas pour faire du business cette fois, pour échanger sur des thématiques communes. Sur des stratégies qui nous engagent sur le long terme. Cela permet de changer de discours et de créer de nouvelles relations. C’est très positif. »

Le dirigeant de Jaguar Network en veut pour preuve les emplois qui ont déjà été créés grâce à French Tech : « ces rencontres engendrent des opportunités. C’est arrivé et je suis certain que cela continuera. » Les défis de cette première année French Tech selon lui ? « Que le public et le privé continuent de trouver un terrain d’entente, notamment sur les aspects de gouvernance liés aux différents projets French Tech. »

L’impact de l’obtention du label pour Bertrand Bigay ? « C’est plutôt sa non-obtention qui aurait eu un impact. Un impact désastreux. Nous savions que notre territoire comptait un riche écosystème. Aujourd’hui cela a juste été reconnu : nous sommes pertinents à l’échelle nationale et internationale. » Le fondateur de P.Factory répond lui en termes plus circonspects. Et quant à l’interroger sur la suite, le spécialiste de l’entrepreneuriat l’affirme avec détermination : « si l’on se considère les projets mis en avant dans la candidature, il y a plus à faire que ce qui a déjà été fait. Nous avons promis des choses. Nous comptons bien nous y tenir ».

Kunckler Florian

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Journaliste spécialisé dans les nouveaux médias et rédacteur web. Pour plus de détails sur mes travaux : http://www.doyoubuzz.com/florian-kunckler

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