NFCOM : du développement d’un produit à l’exploitation d’un savoir-faire

article
Écrit par Kunckler Florian

Parfois il faut savoir « regarder la grande image ». Prendre du recul en somme. Gaël Lededantec a longtemps eu une idée fixe : développer une solution, Pick&Shop, « utilisant les tags NFC et QR Code pour permettre à la clientèle d’obtenir instantanément sur son mobile des informations concernant un produit taggé. » L’idée était bonne. Elle l’est toujours, elle a fait ses preuves. Mais la vie d’un entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille et NFCOM a été contraint d’exercer ses talents sur d’autres projets. Et il s’avère que ça leur a plutôt bien réussi…

Beaucoup vous le diront, lorsqu’on se lance dans l’aventure de la création d’entreprise, il faut être capable de prendre du recul sur son projet. Surtout quand les choses se compliquent. Savoir tenir la barre même en pleine tempête.

Et pour cela il faut être capable de prendre les bonnes décisions. Quitte à engager l’ensemble du projet pour suivre une nouvelle voie. Ce choix difficile, Gaël Lededantec l’a fait. Retour sur le parcours d’un entrepreneur, qui a plus d’une corde à son arc.

NFCOM, créateur de Pick&Shop

L’aventure NFCOM a commencé par là. « Nous avons présenté à l’Incubateur Belle de Mai un projet de shopping interactif. C’était il y a 3 ans. » Gaël Lededantec a le profil du jeune entrepreneur dynamique. Un double diplôme d’ingénieur informatique et de management de l’innovation. La présentation soignée, le discours engageant. Et bien sûr des idées plein la musette. « En tant que salarié, je n’étais pas à l’aise. Je préfère gérer un projet dans son ensemble que de me cantonner à la partie technique. » Un entrepreneur en puissance.

Les équipes de l’Incubateur adhèrent au projet. Pick&Shop venait de naître. Le principe ? Mettre à la disposition du client d’une surface de vente toute l’information existante sur un produit via son terminal mobile et les technologies NFC et QR Code. En d’autres termes ? Vous vous approchez et l’information s’affiche sur votre mobile. Tout simplement.

« Prenons l’exemple de notre site pilote Car Riviera Côte d’Azur. Concrètement, il suffit au visiteur de la concession de rapprocher son téléphone mobile près du tag situé sur le véhicule pour accéder à ses caractéristiques techniques, télécharger la brochure ou encore faire une demande d’essai », expliquait l’entrepreneur en 2012 aux équipes de la CCI Nice-Côte d’Azur.

Le bénéfice pour le vendeur ? En plus d’améliorer l’expérience d’achat pour le client, l’application permet au vendeur de récupérer toutes sortes d’informations sur le comportement de ses consommateurs. Les grandes surfaces notamment peuvent ainsi répondre à une question restée jusqu’ici sans réponse : que se passe-t-il avant le passage en caisse ?

« Pick&Shop interprète le parcours du client. L’application permet ainsi au vendeur de comprendre ce qui se passe dans ses rayons. Et d’améliorer grâce à ces données nouvelles son offre », explique le dirigeant.

Après avoir séduit les chargés d’affaires de l’Incubateur, l’entrepreneur n’a pas eu de mal à convaincre ses premiers partenaires. Et des collaborateurs de taille puisqu’un des premiers projets pilotes a été mis en place dans une boutique du centre commercial Cap 3000. « Nous avons déployé notre solution sur tous les produits d’une marque spécialisée dans l’épicerie fine. Le test a été très concluant », se rappelle-t-il. Puis c’était au tour d’une marque de TV-Hifi d’équiper ses produits de la solution innovante. Suivi d’enseignes automobiles dans la région de Nice pour équiper leurs espaces de vente.

« Les résultats ont été très positifs et nous n’avons pas tardé à signer notre premier contrat avec le distributeur BMW et Mini sur les Alpes-Maritimes », se souvient l’entrepreneur. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

NFCOM vers d’autres horizons

Cela s’appelle les aléas de la création d’entreprise. Un premier contrat compliqué. Une conjoncture difficile et l’impératif de survie qui prend le dessus. « Ce n’était pas une décision évidente. Mettre entre parenthèse Pick&Shop malgré son potentiel évident. Mais il a fallu faire rentrer de l’argent dans les caisses. » A l’entendre, c’est presque à contre-cœur que le dirigeant a engagé son entreprise sur de nouvelles voies. Aujourd’hui, il s’en félicite.

« Nous avons donc décidé d’accepter d’autres contrats. D’exercer notre savoir-faire sur d’autres projets. Notre pari ? Générer des bénéfices pour les réinvestir plus tard dans Pick&Shop. » NFCOM se repositionne alors autour du développement d’applications avec un fort caractère innovant. « Nous avons choisi de mettre en avant notre expérience des toutes dernières technologies mobiles. Et cela a marché. »

Un projet va donner des ailes aux équipes de la start-up. Un projet avec l’entreprise EFFIA – Groupe Kéolis qui équipe Bordeaux en vélos en libre service. « Nous sommes partis d’un constat : partout où ce type de service est à la disposition des citadins, cela prend toujours du temps de déverrouiller son vélo. Il y a les démarches à la borne et souvent une interface un peu compliquée à l’écran. A Bordeaux, nous nous sommes servis de la technologie NFC pour expérimenter un dispositif plus efficace », explique Gaël Lededantec.

Avec une seule manipulation à la clé : « les utilisateurs n’avaient qu’à approcher leur téléphone de la borne pour retirer leur vélo ».

Puis les projets se sont multipliés. D’une carte d’embarquement NFC avec les aéroports de Paris à plusieurs projets de gestion des entrées lors d’événements jusqu’au contrôle de véhicules automobiles avec le smartphone.

« Notre client a présenté ce dernier projet au Mondial de l’automobile et cela a eu un franc succès. » Imaginez. Le champ d’application d’abord : « les offres de véhicules en libre service qui se développent un peu partout dans les villes ». Le principe ? « Votre smartphone et une interface avec un bouton pour ouvrir le véhicule et un bouton pour démarrer la voiture. » Une facilité et un gain de temps substantiels par rapport aux dispositifs existants.

« On s’est rendu compte que notre savoir-faire avait de la valeur »

Ce tournant dans l’activité de NFCOM a été décisif : « on s’est rendu compte que notre savoir-faire avait de la valeur. Qu’avec notre équipe, à notre échelle, nous pouvions développer des choses très intéressantes.» Ce qui apparaissait presque comme un sacrifice nécessaire s’est finalement trouvé être un repositionnement stratégique.

« Aujourd’hui nous travaillons sur des projets innovants qui nécessitent des compétences alliant nouvelles technologies et innovation dans les usages », assure Gaël Lededantec.

Un repositionnement qui va bien aux équipes de NFCOM. « Il faut être capable de se décomplexer lorsque l’on entreprend. Oui, notre parcours de création d’entreprise a de la valeur. Il accouche de savoir-faire qu’il est possible de rentabiliser. »

S’il devait pointer du doigt une de ses erreurs ? Il n’hésite pas longtemps : « nous avons vu trop petit par manque de confiance en nous. Il faut avoir de l’ambition. Ces derniers mois nous ont appris à nous libérer face à nos clients. Mais cette ambition doit être mise en balance avec un réalisme et une connaissance parfaite de son milieu. C’est impératif. » Un entrepreneur n’est-il pas finalement un rêveur qui apprend le pragmatisme ?

Kunckler Florian

mm

Journaliste spécialisé dans les nouveaux médias et rédacteur web. Pour plus de détails sur mes travaux : http://www.doyoubuzz.com/florian-kunckler

×

Pour ne rien rater de nos actus, abonnez-vous à notre newsletter !