« Tout devient possible à celui qui cultive l’audace ! »

interview
Écrit par Santi Julia

Interview de Florian Olivier-Koehret

florian_olivier-koehret-150x150Plus de débat entre avantages et inconvénients du livre imprimé ou numérique, la solution développée par Paperus est de disposer des deux. Grâce aux contrats signés avec des éditeurs comme Fleurus et Eyrolles, Paperus s’utilisera tout simplement au moment de l’achat d’un livre en librairie, à partir d’un QR Code présent sur le ticket de caisse, les lecteurs auront accès à la version numérique du livre …

Florian Olivier-Koehret est le dirigeant fondateur de la société Shangri-La, éditeur de Paperus. Après 18 mois d’incubation, cette belle startup est maintenant prête à devenir l’opérateur numéro 1 en France et en Europe, du livre hybride intelligent ! La parole est à lui.

Pour vous, posséder une fibre entrepreneuriale, est-ce inné ou acquis ?

Pour moi, les deux sont liés. D’une part, il faut être convaincu de l’utilité de sa « mission » tout en proposant une vision différente du monde comme Xavier Niel ou Steve Jobs ont pu le faire. Ensuite, je vois une seconde catégorie d’entrepreneurs dans laquelle je m’inclus, celle orientée projet où l’entrepreneur se forme, s’adapte et se passionne pour le développement de ses futurs produits et services.

Qu’est-ce qui est à l’origine de votre entreprise ?

Je me suis rendu en 2010 au salon du livre à Paris en compagnie d’un de mes futurs associés. Entre les liseuses et les livres physiques, nous avons constaté qu’il n’existait rien mixant les deux.  L’attachement charnel au livre objet papier est tellement fort notamment en France que le numérique a longtemps été boudé. Il restait une place de choix pour le livre hybride. Nous l’avons installé en imaginant ce qu’un livre idéal devait apporter. Ainsi est né Paperus.

Quelles ont été les étapes à franchir ?

D’abord, dessiner les contours du projet à deux.  Puis lister les compétences indispensables : design, web, marketing ; pour ce faire, nous avons chassé dans nos propres réseaux et deux autres associés nous ont alors rejoint. Pour la partie marketing, c’est auprès de l’Incubateur national numérique de la Belle de Mai que nous nous sommes tournés sur les conseils d’un de nos enseignants en école d’ingénieur. Ensuite il n’y a pas d’autre choix que de suivre le processus dans lequel on s’est embarqué, et pour lequel on s’est véritablement engagé personnellement. On parle rarement de cette responsabilité là mais pour moi, elle contribue largement à la réussite du projet final. Projet qui va inévitablement évoluer par rapport à la copie de départ.

Quels sont les points forts de l’incubation Belle de Mai ?

L’équipe composée de Knowledge Angels et du chargé d’affaires de l’Incubateur est le grand  point fort. Nous bénéficions d’un retour d’expériences tellement riche que l’on peut compter cela en années d’expérience gagnées. Cela a encore plus de valeur pour moi, que n’importe quelle aide remboursable.  Le recours au conseil juridique qui nous a guidé dans une législation du livre à la française extrêmement complexe en est un bon exemple. Nous sommes imprégnés des compétences des « cheveux blancs » en présence en utilisant les différents savoirs,  ça a été très précieux pour nous. Bénéficier ainsi de conseils et de connaissances professionnelles  a permis au projet d’être viable plus vite, plus professionnel aussi et enfin crédible, même dans un processus d’incubation hors murs.

Vous arrivez en fin d’incubation, quelle est la prochaine échéance ?

Celle de la commercialisation qui démarre maintenant fin 2012, elle va générer un premier CA qui va nous permettre de continuer à nous développer. Nous tablons sur environ 5000 titres/ouvrages numériques « couplés » qui seront proposés en complément de l’offre papier. L’annonce publique est faite ce jour à l’occasion de l’ouverture du Salon du livre de Montreuil.

Le QR code unique centralisé, c’est celui que retrouve le client sur son ticket lors de son passage en caisse (grâce à nos partenaires techniques, les sociétés Praxiel et 2dcom). Ces deux acteurs majeurs du progiciel de caisse nous ont permis d’intégrer avant la sortie commerciale et l’installation chez les libraires, la brique logicielle Paperus. Avec aujourd’hui 2000 points de vente en France équipés, nous visons maintenant les grandes enseignes et un tiers restant des libraires équipées d’autres progiciels.

Que pensez-vous des dispositifs français d’aide à l’innovation ?

Le statut de JEI et le CIR sont des dispositifs que nous souhaitions largement utiliser sachant notre R&D a vocation à fortement se développer sur les trois années à venir. Pour nous, le livre hybride est à l’état embryonnaire, en copie homothétique du livre traditionnel. Nous rêvons d’un Rich Book et pour développer d’autres fonctionnalités, adaptées à tous les  handicaps, nous allons faire appel à tous les dispositifs d’aide afin de continuer à innover.

La levée de fonds que nous envisageons sera faite pour se développer à l’international.  Nous avons passé deux années à intégrer le cadre légal français, demain pour aller vers la Chine que nous visons en premier lieu, cette fois sans l’aide de l’Incubateur, nous aurons besoin d’être bien soutenu financièrement. Nous nous attachons à conserver un avantage  concurrentiel de taille, celui d’être indépendant avec un catalogue riche et divers doté d’une application universelle centralisée.

Vous êtes la 100éme entreprise créée ?

Nous estimons que c’est une chance énorme d’être lu, vu et entendu ! Bien sûr, nous adressons nos salutations les plus respectueuses à la 99ème comme à la  101ème entreprises créées. Aujourd’hui, nous souhaitons nous investir auprès des futurs porteur(-euse)s de projets dans le numérique afin d’échanger avec eux. Les montagnes russes entre euphorie et mauvaises nouvelles dans la même journée, on connaît ! Du coup, être proche de l’Incubateur Belle de Mai pour les aider au creux de la vague, cela me semble un juste retour des choses. Rester isolé n’apporte rien de bon. Pour moi, il faut avancer sans se poser trop de questions et suivre son cap coûte que coûte. La France est le pays champion de l’auto-flagellation ! Pourquoi ne pas se pencher sur ce qui est positif, par exemple sur notre promotion d’ingénieurs : il n’y a pas une personne qui n’exerce pas un métier ou une activité par passion. Une fois qu’on a dépassé la peur de l’échec, tout devient possible à celui qui cultive l’audace !

 

A découvrir : http://www.shangrilatech.fr/

Santi Julia

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