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Morgan Ardon est Directeur Général et cofondateur de Sycon, société créée en 2022 avec ses associés Rémi Mariambourg (CRO) et Jonathan Guyot (CTO). Tous trois issus du secteur de l’aéronautique, ils ont construit leur parcours dans de grands groupes avant de se lancer dans l’entrepreneuriat. Morgan a rencontré Rémi lors de ses débuts professionnels, alors qu’ils étaient stagiaires chez Airbus à Toulouse, puis Jonathan au cours de sa carrière chez Thalès. L’envie d’entreprendre et la volonté d’avoir un impact dans un domaine qui les passionne ont été les déclencheurs de la création de Sycon.

La genèse de Sycon

La genèse de Sycon trouve ses racines dans l’expérience de ses fondateurs au sein de l’industrie aéronautique. « À chaque fois qu’on mettait les pieds dans les usines, on avait l’impression de revenir au siècle passé, avec tout basé sur le papier et des tableaux blancs », explique Morgan Ardon. Constatant ce décalage, les trois fondateurs ont voulu « apporter de la technologie et une solution numérique au cœur des usines pour améliorer la performance, pérenniser l’information et chercher des leviers d’amélioration ».

Forts de leurs compétences en électronique, télécommunications et systèmes complexes, les trois associés ont ainsi conçu la Sybox, un boîtier connecté plug and play, aimanté, qui se fixe directement sur les machines-outils. Grâce à ses capteurs internes, il enregistre des données comme les vibrations, l’environnement de production ou encore la consommation énergétique. « C’est un peu comme une montre Garmin pour les machines industrielles », résume Morgan. Les données collectées permettent de générer des indicateurs de santé, de performance et de consommation, offrant aux opérateurs des outils de supervision en temps réel et des leviers concrets d’amélioration.

Une trajectoire Deeptech soutenue par l’écosystème national

Dès sa création, Sycon a fait le choix d’un développement résolument tourné vers la recherche et l’innovation, en consacrant près de deux ans à la R&D avant de commercialiser sa solution. Fin 2023, l’entreprise a obtenu la labellisation Deeptech de Bpifrance, une reconnaissance stratégique qui a marqué une étape décisive. Comme le souligne Morgan Ardon, cette labellisation « a ouvert beaucoup de portes, notamment pour entrer en relation avec des laboratoires ou recruter un thésard en CIFRE ». Ce contrat CIFRE de trois ans, en partenariat avec le Lab-STICC à Lorient, renforce l’expertise en intelligence artificielle et accélère la mise sur le marché d’une offre intégrant l’industrie 5.0, qui place la collaboration homme-machine, le bien-être des opérateurs et la durabilité au cœur des processus industriels, pour optimiser la performance tout en améliorant les conditions de travail et l’impact environnemental. De janvier 2023 à décembre 2024, l’entreprise a bénéficié de l’accompagnement de l’incubateur Belle de Mai, soutenu par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Celui-ci a joué un rôle déterminant pour « structurer l’entreprise et passer du laboratoire à une société plus mature », en facilitant l’accès à un écosystème riche, à des partenaires et à des premiers prospects. C’est d’ailleurs au cours de son accompagnement que Sycon prend contact avec le Lab-STICC par le biais de son chargé d’affaires. Le parcours de la société illustre la dynamique impulsée par le plan Deeptech national lancé en 2019, qui fait des projets technologiques de rupture une priorité de l’État, en mobilisant des financements publics et en offrant aux startups un environnement propice à la réussite.

Sycon de la commercialisation à l’expansion européenne

En 2025, Sycon amorce sa commercialisation. La deeptech collabore déjà avec un panel varié d’industriels, allant de la PME aux Grands Groupes. Parmi eux, Saint-Gobain qui a permis à la jeune société de valider son produit dans des environnements contraints et d’accroître sa légitimité. À ce jour, Sycon compte six clients actifs.

Côté équipe, la société a connu une croissance progressive : de trois associés fondateurs, elle est passée à neuf collaborateurs. Financièrement, Sycon s’est d’abord appuyée sur l’autofinancement et des aides publiques non dilutives (Bpifrance, financements régionaux), avant de réaliser début 2025 une première levée de fonds en « love money » à hauteur de 150 000 €. Une levée de 700 000 € est actuellement en cours, destinée à financer l’industrialisation de la Sybox en France et soutenir son développement technologique et commercial.

Enfin, si la priorité reste le marché français, l’entreprise affiche clairement une ambition européenne, motivée par des enjeux de souveraineté industrielle. Avec un premier client en Suisse et des perspectives de croissance en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni, Sycon entend rester au plus près de ses clients pour leur offrir un accompagnement de qualité, tout en consolidant son rôle de partenaire technologique de confiance.

Photos par Sycon.