
Laurent Henocque (Keeex), «On a une ambition dévorante, devenir un acteur mondial des données sécurisées.»
C’est au retour du prestigieux Consumer Electronic Show de Las Vegas que nous retrouvons Laurent Henocque, fondateur et dirigeant de Keeex, (prononcer Key X en anglais). Plus préoccupé par son emploi du temps surchargé que par le « Jet lag », ce dernier trouve néanmoins un moment pour nous accorder un entretien. Pour les « noobs » (novices), le CES, c’est un peu le Festival de Cannes du monde digital. Parmi les rares élus, les start-ups les plus innovantes du monde du numérique, et bien sûr : les frenchies de Keeex. L’occasion pour nous de recueillir ses impressions à chaud, mais aussi d’aborder le côté révolutionnaire de la Blockchain et des produits Keeex.
Au commencement était le verbe, le Web sémantique
Si aujourd’hui Keeex ambitionne rien de moins que de devenir un acteur mondial de la certification de données, tout démarre selon son fondateur Laurent Henocque. d’une idée, ou plutôt d’un besoin : « En 2006, j‘ai participé à un groupe de travail du W3C sur le web sémantique où l’on a proposé un standard pour un langage de bas niveau SAWSDL. A l’époque il y avait une dispute pour savoir quel langage utiliser pour faire du web sémantique. Je savais que la vraie problématique c’était la confiance. Il fallait que deux programmes à distance sachent qu’ils sont en train de consulter et d’utiliser la bonne base de données. L’idée est venue comme ça, d’une problématique de confiance dans le Web sémantique avec une technologie qui chaîne les données entre elles. C’est exactement comme la Blockchain où chaque bloc pointe vers le bloc précédent. Donc Keeex est une technologie qui crée une Blockchain de données » .
Polytechnicien, chercheur en Intelligence Artificielle, et Web Sémantique (1), le parcours de Laurent Henocque ne le destinait pas forcément à se lancer dans le monde de l’entreprise à la tête d’une start-up : « Je suis chercheur en IA au départ. Keeex n’était pas mon domaine de recherche, j’enseignais l’interface homme machine », explique-t-il. En tant qu’enseignant-chercheur au Laboratoire des sciences de l’information et des systèmes, c’est un habitué des bibliothèques Open Source dans le cadre de ses recherches : « Je savais que j’avais une idée extraordinaire entre les mains et je me suis demandé ce qu’il fallait faire de Keeex. L’idée était tellement simple que si je l’avais fait connaître elle aurait très vite été économiquement utilisée par tout le monde ».
Puis vint la crise de 2008 et son cortège de mauvaises nouvelles économiques pour les entreprises françaises. Une situation qui interpelle le futur patron qui décide d’utiliser son brevet pour « créer de la valeur économique et des emplois en France. Il y avait une motivation un peu boy scout dans ce projet qui m’a fait sortir de l’université », confesse-t-il.
Du 37 rue Guibal 13003 à Eureka Park Las Vegas
C’est animé de cette détermination qu’il se lance dans l’aventure. Mais comme une bonne idée ne fait pas forcément une entreprise florissante, Laurent henocque se rapproche des acteurs du monde de l’entreprise et de l’incubateur Belle de Mai : « En 2013, j’ai rencontré Morgan Dinkel et on a intégré l’incubateur pendant l’été, avant la création de la société. L’accompagnement a joué un rôle très important. Je n’étais pas entrepreneur, Il a fallu tout apprendre. J’ai eu beaucoup de coaching de la part de l’incubateur, et de chefs d’entreprises qui ont été bienveillants avec moi. J’ai vite rejoins les clubs d’entreprise régionaux, le CIP Méditerranée, medinsoft, le pôle SCS. Il y a une dynamique très bienveillante de l’écosystème régional. Cela n’aurait pas été possible sans tout ça. La SAT a amené beaucoup de financements, des avances remboursables comme l’incubateur qui nous ont mis le pied à l’étrier. »
Le résultat ne se fait pas attendre, trois ans après sa création, Keeex est appelé pour figurer au saint des saints du numérique : le CES de Las Vegas. Parmi les 257 français présents dans les allées d’Eureka Park (sur environ 600 participants au total), la jeune start-up ne passe pas inaperçue :
« Comme on était la seule Startup Blockchain visible sur le salon, ça a attiré des gens directement sur notre stand, et nos produits ont reçus un très bel accueil » analyse Laurent henocque. « Ce qui a été le plus surprenant c’est que l’on a rencontré surtout des sociétés françaises. On a plus d’une centaine de contacts qualifiés venant du CES. Plutôt français, massivement. Mais également venant de l’étranger, de l’Amérique du sud, des États Unis… ».
Parmi les « solutions de confiance Blockchain » proposées, c’est une en particulier qui est mise en avant par l’entreprise : « On était à Las Vegas essentiellement pour l’application Photoproof qui permet de prendre des photos probantes avec preuve de date sur Bitcoin. Elle illustre de manière éclatante la possibilité technique d’intégrer la Blockchain dans des usages du quotidien ».
Blockchain, la révolution qui vient
Blockchain, le mot a été dans toutes les têtes en 2016, suscitant promesses, attentes, et aussi inquiét